dimanche 22 février 2009

ZAHIR ABDJAOUI ET MOURAD GUERBAS À MONTRÉAL - YENNAYER

FERHAT MÉHENNI À MONTRÉAL

Oulahlou, le Brassens kabyle pour la première fois à Montréal


Oulahlou, le Brassens kabyle pour la première fois à MontréalVoir
ven, 11/30/2007 - 16:13 — Tassadit

Invité par l' association amazighe Azul de Kabylie, accueilli aussi chaleureusement par l'association Tafsut et les très nombreux berbères venus de Boston aux Etat Unis, d'Ottawa, de Chicoutimi, Oulahlou a laissé un souvenir mémorable de son passage au Québec. Bien que son spectacle du 24 novembre n'ait pas bénéficié d'une promotion à la hauteur de l'événement, avec la mauvaise volonté manifeste de certaines associations, de plusieurs affiches arrachées, la qualité était au rendez-vous. Beaucoup découvraient pour la première fois le militant qui pourrait revenir sur les terres acadiennes en avril 2008.

Madjid Benbelkacem présenta à l'ouverture du spectacle une biographie de l’artiste très instructive. Kabyle.com Québec, par Tassadit Ould Hamouda recueillit ce jour-là les impressions d'Oulahlou.



T. Ould-Hamouda : Azul Oulahlou, Bienvenue à Kabyle.comA. Oulahlou : Tanemirt, Bienvenue chez Oulahlou (rires...)


T. Ould-Hamouda : Avez-vous aimé le spectacle d’hier ?

A. Oulahlou : Ça se voit, non ! Très très content, ravi même, ça nous change un peu du "zdak-Zdak". Un public qui écoute c’est rare de nos jours.


T. Ould-Hamouda : Comment avez-vous trouvé le public montréalais ?
A. Oulahlou : Au début, j’ai eu un peu peur. Je ne savais pas comment il va réagir ? Quelles sont ses attentes ? mais enfin ! ils sont venus pour écouter "Oulahlou". C’était profondément Kabyle.


T. Ould-Hamouda : Vous préparez un nouveau CD, pouvez-vous nous en parler ?

A. Oulahlou : Toujours égal à moi-même, je mets beaucoup de coeur dans mes chansons, donc c’est 12 nouveaux titres avec 4 chansons en français, avec la même originalité à laquelle je tiens beaucoup.



T. Ould-Hamouda : Reviendrez-vous à Montréal Bientôt ?


A. Oulahlou : Ça devient de plus en plus sûr, Ça se concrétisera pour Tafsut Imazighène probablement. D’ailleurs je profite de l’occasion pour remercier les organisateurs à savoir "Azul de Kabylie" et "Agawa-Productions" qui ont été vraiment à la hauteur. Tanemirt.


Entrevue réalisée le 25 novembre 2007 à Montréal



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Oulahlou en concert à Paris : Le Brassens kabyle


Le chanteur kabyle, Oulahlou, de son vrai nom Abderrahmane Lahlou donnera un concert à Reuilly, (Paris), le 9 mars prochain

Auteur-compositeur et musicien de vocation, il se veut un artiste polyvalent qui domine plusieurs instruments de musique. Il joue de la plume dans un style tantôt mordant, tantôt satirique ou encore poétique, mais toujours hors des sentiers battus de la rime facile, des archétypes et des expressions éculées, dont usent et abusent les faiseurs de chansonnettes si nombreux aujourd’hui. Son envol artistique ne prend réellement effet qu’à la fin de l’année 1998, lorsque, sur insistance de quelques amis, il se décide enfin à produire son premier opus intitulé Ithvirène, les pigeons.


Encouragé par l’accueil enthousiaste d’un public qui s’élargit de plus en plus, il produit sur sa lancée une deuxième cassette de six titres en 1999. Le titre phare, Afouss i Bouteflika, ‘’vive le président ‘’, rencontre un grand succès auprès d’un auditoire attentif qui apprécie de plus en plus cette ironie mordante qu’utilise Oulahlou pour s’aventurer sur des thèmes très souvent à la limite du tabou. En 2000, il sort son troisième album intitulé Ouchen d weydhi , le loup et le chien. Oulahlou maintient son cap de chanteur libertaire en revenant avec humour, sarcasme et tendresse dans le sujet qui lui tient le plus à cœur : la liberté. Le verbe direct, corrosif, le cœur à fleur de peau, il chante la réalité populaire faite de quêtes vaines et d’amertume. Il porte par sa chanson toutes les frustrations des opprimées, les cris des sans-paroles, le toit des sans-logis, le salaire des sans-emploi et le regard des sans –espoir. C’est la voix des exclus et des opprimés qui refusent d’abdiquer.

En 2001, son quatrième album Pouvoir Assassin, qui survient quelques mois après l’éclatement des tragiques événements du Printemps noir de la Kabylie, fait l’effet d’une bombe. Pouvoir Assassin s’arrache littéralement chez les disquaires et le titre devient aussitôt l’hymne que toute la région reprend lors des manifestations publiques qui drainent des milliers de marcheurs. Mais ce n’est pas pour autant que le succès lui soit monté à la tête. Il a su, malgré une popularité qui monte crescendo, rester extrêmement modeste et accessible. Il est vrai que sa carrière, qui reste à faire, ne lui a donné jusqu’à présent pour capital qu’un nom. Pour le reste, il habite toujours une mansarde familiale aux murs délavés par le temps et sa vieille mère qui ploie sous le poids des ans désespère de le voir quitter ses habitudes de hippie pour une vie plus sage et plus rangée. Oulahlou est né le 9 août 1963 à Takorabt, un petit village de Kabylie. Il fait ses premières études à l’école primaire du village puis au collège Jean-Amrouche à Ighil-Ali. Après des études secondaires au lycée d’Akbou, il obtient son baccalauréat en 1982.

La période du lycée coïncide avec l’agitation politique et le bouillonnement culturel du Printemps berbère qui le voit en tant que lycéen prendre part aux premières manifestations de rue qui marquent ces années de lutte intense. C’est également à cette période qu’il fait ses premiers pas dans le monde de la chanson en reprenant les tubes engagés de l’époque sur la scène du lycée. Ses études supérieures, il les fait à l’université de Constantine où il prépare une licence en psychologie. En parallèle, il se consacre corps et âme à la musique. S’ouvrant sur d’autres horizons, il s’initie à tous les styles musicaux et découvre la langue et la culture chaouies dont il s’imprègne profondément. Une influence qui se traduira plus tard par quelques compositions dans le style typique et la langue des Aurès. Après son obtention d’une licence en psychologie, il revient en Kabylie et s’investit dans le mouvement associatif au niveau de son village. Il anime, notamment, une chorale enfantine à laquelle il destine ses premières œuvres musicales.

R.C.
Source : La dépêche de Kabylie

lundi 16 février 2009

Entrevue avec Oulahlou

16/2008 - 10:41 — Anonyme


De passage à la Maison de la culture de Béjaïa lors du Festival culturel local de la musique et de la chanson kabyles, Oul Lahlou a bien voulu répondre à nos questions.

La Dépêche de Kabylie : Le dernier album sorti, pensez-vous produire encore ?

Oulahlou : Je produis tout le temps. J’ai toujours ma guitare à côté de moi. L’écriture et la composition de mélodies sont ma passion. Il m’arrive de le faire à minuit, à deux heures du matin. Des fois, c’est à partir de rien que je commence, même pas à partir d’une idée mais d’un état d’âme et cela aboutit à une œuvre. C’est, pour moi, un défi.

Justement, à propos de défi, vous avez eu le mérite d’en relever un. Celui de vous faire une place sur le marché alors que nous sommes en pleine ère de la musique commerciale.

Je ne peux pas me prononcer là-dessus car c’est au public de juger. Mais, si réellement j’ai une place sur le marché, c’est tant mieux pour moi car l’essentiel pour un artiste est de voir son œuvre reconnue. En ce qui me concerne, je vous répète, j’ai ma guitare et mon stylo. Mon défi est de produire de la beauté.

En ce qui concerne la beauté, vous avez très bien réussi des adaptations des chansons de Brel, Moustaki, Les Eagles…

Ce sont des classiques. Ces chansons ont bercé mon enfance et m’ont apporté beaucoup de choses. C’est vrai que ceux qui ne connaissent pas les chansons originales de Brel, Moustaki, Les Eagles, Brassens ou Renaud, pensent que les chansons que j’ai adaptées m’appartiennent. Bon, moi, je mentionne toujours l’auteur. Mais, mon défi est de réussir ces adaptations en kabyle car il ne suffit pas de chanter Moustaki en kabyle rien que pour le faire. Il faut rester fidèle à l’esprit du chanteur tout en donnant des images de chez nous. Prenons le cas de Hôtel California : Je ne chante pas une réalité américaine mais il fallait l’adapter à un contexte kabyle.

Un nouvel album en vue ?

Je n’ai pas un plan de carrière pour me préparer à enregistrer un album.
Généralement, quand je me sens disposé, je vois des amis au studio et on commence par une chanson. Ensuite, on essaye une autre et ainsi de suite jusqu’au jour où on constate que nous avons avancé. Je ne me suis jamais fixé comme objectif, par exemple, un album par année ou autre chose dans ce système. je ne veux pas tomber dans le commercial. Sinon, j’ai beaucoup d’anciennes et de nouvelles chansons. Donc, dès que je me sentirai prêt, j’irai au studio mais pas dans l’immédiat. D’ailleurs, lorsque je regarde en arrière et que je constate que j’ai déjà produit huit albums, je me dis que ce n’est pas possible de la faire en si peu de temps. Donc, je veux prendre un peu de recul car cela est fatigant.

Vous avez aussi le mérite d’être la relève de la chanson engagée comme Ferhat Mehenni par exemple.

Je ne sais pas si c’est un mérite mais en tout cas, j’essaye de donner un sens à mon art. J’adore réfléchir et analyser. Je ne veux pas produire des œuvres qui ne durent pas. Quant à parler de relève, si cela est vrai, ce serait un honneur pour moi. Entendre dire que je suis sur la voie de tel ou de tel artiste me flatte beaucoup mais je ne le fais pas exprès. Je ne fais que m’exprimer.
Bon, c’est vrai que ma révolte est une sorte d’engagement. Même quand je chante l’amour, je dénonce car j’ai un regard critique par rapport à notre réalité.

C’est vrai que vos chansons d’amour ne sont pas du genre Hemlagh Kem a mon amour que l’on nous balance chaque jour

La chanson kabyle est en crise. Les causes en sont multiples : le public, la situation socio-économique, la mondialisation… Pour être simpliste, je conclus en disant que le niveau de la chanson kabyle a baissé.
Avant, elle avait une autre dimension alors qu’aujourd’hui, c’est beaucoup plus le côté divertissement. Bon, je n’ai rien contre ça mais que cela soit bien fait quel que soit le thème, chanson de danse, triste ou engagée. En tout cas, c’est dommage d’en arriver-là et ça fait mal. Franchement, des fois, en écoutant certaines chansons actuelles, il y a de quoi avoir honte. C’est désolant. C’est peut-être le temps. Toutefois, cela ne m’inquiète pas car le véritable art existe.

Terminons par vous demander d’éclairer votre public sur le sens de votre chanson Izem tseghzalts…

Tout d’abord, c’est une fable grecque qui date de plus de 3000 ans. Vous savez, ce sont les Grecs qui ont laissé le plus grand patrimoine de la beauté à l’humanité. Tout comme aussi la démocratie et leurs légendes,
3 000 ans sont passés et c’est toujours d’actualité.
Concernant cette fable grecque qui raconte le piège de l’amour, quand je l’ai lue, je l’ai trouvée tellement belle que je n’ai pas hésité à la chanter. Derrière chaque caractère animal on trouve un personnage et Izem tseghzalts est purement symbolique. D’ailleurs, Slimane Azem aussi le faisait si bien. Le défi est de prendre une histoire d’une autre culture et de l’adapter à la nôtre en utilisant les expressions populaires kabyles.

Propos recueillis par Tarik Amirouchen

Journal:
Dépêche de Kabylie
Edition:
11/16/2008